Amanda Whiting

After Dark, disque de la semaine du Grigri du 12/04 au 17/04


After Dark (Jazzman Records)


Il y a des artistes qui maîtrisent on ne sait comment cet art occulte qui consiste à surgir au moment précis où l’on a le plus besoin d’eux. On lance l’album et on sait dès les premières notes que c’est cet album qui nous a trouvé, et pas l’inverse. On est embarqué, on savoure chaque note et l’atmosphère est désormais tout entière drapée de ce tissu sonore. Il n’y a plus qu’à s’installer et profiter de son trip. La harpiste galloise Amanda Whiting est de ces artistes qui ont, plus que le sens du timing, une capacité à nous saisir si pleinement et si simplement qu’on en vient à oublier qu’il y avait un avant et qu’il y aura un après. Seul demeure cet instant miraculeux qui est parfaitement ce qu’il doit être. 

Certes, l’instrument de la harpe dispose en lui-même de cette faculté d’envoûtement presque mystique. Mais encore faut-il trouver aux manettes une enchanteresse, du calibre de Dorothy Ashby, d’Alice Coltrane ou de cette nouvelle génération conduite notamment par Mary Lattimore ou Laura Perrudin, pour que le charme opère. Le premier EP d’Amanda Withing, Little Sunflower, sorti en novembre 2020, restait profondément ancré dans cette filiation avec les grandes harpistes classiques, notamment avec Dorothy Ashby qui avait elle-aussi repris le standard de Freddie Hubbard. Avec ce second album, toujours signé chez Jazzman Records, Amanda Whiting sort de l’ombre et nous montre toute l’étendue de son talent, toute la profondeur de sa sensibilité et toute la richesse de son jeu. 

Cet album, c’est un autoportrait magistral. Derrière l’unité atmosphérique globale, on voit se dessiner les multiples facettes de la musicienne galloise.

Il n’est alors pas surprenant que le label ait fait le choix d’un portrait en gros plan pour cette pochette : cet album, c’est un autoportrait magistral. Derrière l’unité atmosphérique, on voit se dessiner les multiples facettes de la musicienne galloise : il y a de la mélancolie dans « Gone » et « After Dark », du groove réjouissant dans « Strut Your Struff » et de l’éclat dans « Messed Up ». La section rythmique assurée par Aidan Thorne à la contrebasse et John Reynolds à la batterie soutient la voix de la soliste sans effort, avec discrétion et classe. Sur « Time Stands Sill », « Just Blue » et « Stay for One », l’accompagnement du flûtiste Chip Whickam (avec qui Amanda Whitman jouait dans le Mathew Halsall’s Gondwana Orchestra) sublime un peu plus encore le son suave des cordes pincées. 

C’est beau, tout simplement, un moment de grâce « aussi doux qu’un clair de lune qui vient réjouir l’âme et ravir l’oreille ». Qui sait ce que nous réserve Amanda Whiting après After Dark ? Sans doute de nouveaux dialogues entre l’ombre et la lumière qui viendront nous cueillir au moment idéal. 

Auguste Bergot

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La funk la plus chaude du moment nous vient de Norvège. Les sept musiciens du Flammer Dance Band reviennent avec un nouvel album parfait pour faire lever nos fesses du canapé ! Ça déborde de soul, d’afrobeat, de groove psychédélique, le tout avec un chanteur en mode « James Brown sous reverb ». On vous a mis le morceau « Nå Nå » en rotation pour vous faire une petite idée.

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Comme un je-ne-sais-quoi de très français dans un jazz marqué par la nouvelle génération anglaise pour le quintet Naïram de Jasmine Lee qui sort un premier opus inspiré des Nerija, SEED Ensemble ou encore Maisha. Mais un opus qui parvient à s’en affranchir aussi, en particulier par le jeu du flutiste Alexandre Aguilera, pour offrir un ménage à 3 réussi entre improvisation, spiritual jazz et jazz métissé.

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