(Liv).e

Couldn't Wait To Tell You​.​.​. disque de la semaine du Grigri du 28/09 au 04/10


Couldn’t Wait To Tell You​.​.​. (In Real Life Records)

Les comparaisons exagérées dans la musique, c’est comme les haltères ambitieuses à la salle de sport, ça peut très vite vous assommer à jamais. Et les trois quarts des gens annoncés comme les nouveaux Michael Jackson ont fini asphyxiés dans les oubliettes de Neverland. Si on ne va donc pas mettre une pression superfétatoire sur les épaules de (Liv).e, on peut tout de même constater qu’elle cumule pas mal de points communs avec Erykah Badu: chanteuse néo-soul charismatique et très proche de la scène hip-hop, elle est née à Dallas, écrit elle-même ses morceaux et préfère fortement les chemins de traverse des Internets aux autoroutes à péage de la FM.

Cette ressemblance troublante, on n’est pas les seuls à la pointer du doigt. Car qui a hébergé la release party de Couldn’t Wait To Tell You​.​.​.? La Queen Badu en personne. Autre membre du fan-club en plein expansion d’Olivia Williams alias (Liv).e, Earl Sweatshirt avait tellement flashé sur le talent de productrice de la Texane sur :​:​hoopdreams​:​: en 2018 qu’il l’avait invitée dans la foulée sur sa tournée et au casting de son EP, Feet of Clay. Auparavant, la jeune chanteuse-compositrice s’était déjà fait remarquer en 2017 par un projet inaugural et gorgé de funk baptisé FRANK. Elle n’avait alors que 19 balais mais s’offrait un feat. bien foutu avec un autre membre de sa galaxie rapprochée, le rappeur frondeur Pink Siifu.

La Texane s’amuse à explorer les mille et une cases de la Great Black Music pour trouver sa place entre les interstices et générer une poésie labyrinthique, lumineuse et enveloppante

Point d’orgue à cette ascension express, le premier album de la Texane s’impose comme un magma d’idées bien trouvées, d’ambitions bien placées et de références assumées. Aficionado assumée de Knxwledge, Mndsgn ou Outkast, (Liv).e y multiplie les ambiances soulful (magnifique “About Love At 21”), les formats ultra courts (la majorité des pistes oscille entre 1’20 et 2’30) et les ruptures de ton inattendues (l’enchaînement liminaire “What’s The Real” / ‘“How It Made Me Feel”). Il faut dire que Couldn’t Wait To Tell You​.​.​. est, dans l’esprit de sa conceptrice, un véritable album concept: dix personnages livrent à tour de rôle deux p(l)ages de leur journaux intimes.

Résultat, avec ce chef-d’oeuvre inaugural en vingt séquences, (Liv).e s’inscrit dans les pas de Meshell Ndegeocello, Noname, THEESatisfaction ou même Massive Attack à certains instants: au lieu de se cantonner au simple exercice du revival neo-soul teinté de hip-hop, la Texane s’amuse à explorer les mille et une cases de la Great Black Music pour trouver sa place entre les interstices et générer une sorte de poésie labyrinthique, lumineuse et enveloppante. À l’image de sa pochette psyché, Couldn’t Wait To Tell You​… est la drogue de synthèse qui manquait à notre désir.

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La funk la plus chaude du moment nous vient de Norvège. Les sept musiciens du Flammer Dance Band reviennent avec un nouvel album parfait pour faire lever nos fesses du canapé ! Ça déborde de soul, d’afrobeat, de groove psychédélique, le tout avec un chanteur en mode « James Brown sous reverb ». On vous a mis le morceau « Nå Nå » en rotation pour vous faire une petite idée.

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Comme un je-ne-sais-quoi de très français dans un jazz marqué par la nouvelle génération anglaise pour le quintet Naïram de Jasmine Lee qui sort un premier opus inspiré des Nerija, SEED Ensemble ou encore Maisha. Mais un opus qui parvient à s’en affranchir aussi, en particulier par le jeu du flutiste Alexandre Aguilera, pour offrir un ménage à 3 réussi entre improvisation, spiritual jazz et jazz métissé.

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