Majid Bekkas

Magic Spirit Quartet, disque de la semaine du Grigri du 06/04 au 12/04

Il y a des disques qui vous font partir loin, très loin alors que vous avez toujours le fondement désespérément vissé au canapé. En cette ère de confinement, ces oeuvres se révèlent plus que précieuses – et pas seulement parce qu’elles dispensent de la rébarbative attestation de déplacement dérogatoire. Non, elles sont précieuses parce qu’elles nous ouvrent des nouveaux horizons mentaux qui ont des tronches de grands bols d’air. Bref, des shakras qui fleurent bon l’ivresse (celle qui empêche de sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre).

Le Magic Spirit Quartet de Majid Bekkas fait évidemment partie de ces albums buissonniers et dionysiaques. On dirait même plus: il en fait doublement partie. Car outre l’intense trip spirituel auquel il invite, il se présente aussi et surtout comme une alliance transcontinentale entre l’Afrique du Nord des Gnawas et l’Europe boréale des Scandinaves. À notre gauche, Majid Bekkas, chanteur et manieur d’instruments à cordes (guembri, oud, guitare électrique), chaman marocain qui a côtoyé Archie Shepp, Joachim Kühn ou Louis Sclavis. À notre droite, un triade émérite du jazz atmosphérique et cosmopolite: deux Suédois (le trompettiste Goran Kajfes et le pianiste Jesper Nordenström) et un Danois (le batteur Stefan Pasborg).

Une fois tous ces préliminaires administratifs opérés, on peut enfin parler de tout ce que ce Magic Spirit Quartet convoque comme esprits: le psychédélisme des Doors (incroyable “Hassania”), l’afro-futurisme de Sun Ra (l’envoûtant solo de Moog du non moins envoûtant “Chahia Taiba”), l’afrobeat de Fela (magnifiquement mixé aux lignes Gnawa sur “Mrhaba”) ou le spiritual jazz à la Pharoah Sanders sur le renversant morceau d’ouverture, “Aicha” (douze minutes qui à elles seules justifient l’achat de ce disque). Tout se passe comme si, alchimiste du son, Majid Bekkas avait trouvé sur ce Magic Spirit Quartet une sorte de formule idéale – à proprement dire magic. Comme si le visuel de la pochette emprunté à Sonia Delaunay avait été fait spécialement pour lui il y a plus d’un siècle. Souvent, tous ces patchworks de couleurs, de teintes et de textures, ça peut faire beaucoup trop. Mais là, ça fait beaucoup trop beau.

🇬🇧 Some records have the talent to take you far, far away even with your butts desperately stuck to the sofa. In this era of quarantine, such works are proving themselves more than precious. (…) Majid Bekkas’ “Magic Spirit Quartet” is obviously one of these “off the beaten track” albums; through the intense spiritual trip to which it invites, and through its transcontinental alliance between the Gnawas of North Africa and the northern Europe of Scandinavians. (…) This “Magic Spirit Quartet” summons many spirts: the Doors’ psychedelia (incredible “Hassania”), Sun Ra’s afro-futurism (the bewitching solo of Moog from “Chahia Taiba”), Fela’s afrobeat (beautifully mixed with Gnawa lines on “Mrhaba”) or Pharaoh Sanders’ spiritual jazz on the stunning opening track, “Aicha” (twelve minutes that justify to buy the whole album!)

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Daughter of a temple, le nouvel opus de la chanteuse et multi-instrumentiste américaine d’origine indienne Ganavya est lui-même un temple. Un espace-temps partagé avec plus de 30 artistes tels Shabaka Hutchings, Esperanza Spalding, Wayne Shorter, Vijay Iyer ou Immanuel Wilkins pour invoquer, dans une fusion parfaite entre spiritual jazz, traditions indiennes et musiques de dévotion et de transe, les grands dieux/déesses du Love Supreme.

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