Quest of The Invisible, c’est le genre d’album que l’on écoute en retenant son souffle. Car il joue tellement avec les grands silences, les doux frottements et les points de suspension qu’on aurait peur de l’abîmer en respirant trop fort. Rien que d’en parler, on se sent déjà impie – tant le disque se plaît à tourner autour de l’indicible et des notions de temps, de songe ou de prière. Ça faisait un petit bout de temps qu’on sentait qu’il coulait dans les veines de Naïssam Jalal l’ADN d’un chef-d’oeuvre. Avec ce double album en trio (voire en quartet avec la présence de l’immense batteur Hamid Drake sur quelques titres), la flûtiste franco-syrienne sort le grand jeu du minimalisme habité. Gorgé de spiritual jazz ou de musiques mystiques indiennes ou arabes, Quest of The Invisible est un splendide disque syncrétique où les notes n’ont pas de patrie. Porté par les lignes claires de Claude Tchamitchian (contrebasse) et Leonardo Montana (piano), le disque de Naïssam Jalal pourrait être né à Cuba, en Norvège ou Pakistan que ce serait la même. C’est à ça qu’on reconnaît les oeuvres véritablement universelles où l’esprit transcende la lettre.