C’est le projet fou fou fou d’un collège fou fou fou. Depuis une petite décennie, le saxophoniste Pierre-Antoine Badaroux et sa bande se sont mis en tête de faire revivre le son, l’esprit et la classe des grands big bands des années folles. Ça pourrait être passéiste, nostalgique, réac ou formolisé, mais il n’en est rien. C’est diablement emballant, fortement cinématographique (comme une extraordinaire machine à remonter le temps, bien plus efficace que le Minuit à Paris de Woody Allen), carrément trippant. Déjà, parce qu’il y a un côté Indiana Jones dans The King of Bungle Bar puisqu’ils sont allés chercher à la sueur de leur front des arrangements oubliés et/ou méconnus de Don Redman, légende américaine du langage swing. Et puis parce qu’il transpire à chaque morceau une joie de jouer aussi contagieuse qu’un rhume d’automne – avec les mêmes effets secondaires: chaleur, transpiration, larmes. Quand le swing est ainsi présenté, il redevient ce qu’il a toujours été: une intemporelle machine à danser.