Il existe des dizaines d’empire : l’empire ottoman, l’empire romain, l’empire state building ou encore l’empire austro-hongrois mais peu comme celui qu’aura façonné Berry Gordy Jr à la fin des années 60, en créant l’un des labels indépendants les plus puissants, durables et qui aura su conquérir le globe entier.
Le label Motown, nommé d’après le surnom donné à Detroit aka « Motor Town », aura régné pendant plus d’un demi-siècle sur le monde musical. Il aura été l’un des centres névralgiques de la musique afro-américaine, participant à l’intégration des questions raciales au sein de l’industrie musicale à coups de soul music matinée de sonorités gospel et pop.
La Motown aura été la maison de toutes les époques et tous les sons, des clapping sixties des Supremes, de Stevie Wonder ou Marvin Gaye, aux seventies psyché des Temptations jusqu’aux gloires dorées façon disco-soul des eighties de Lionel Richie à Jermaine Jackson.
« Petit label devenu grand » aura dominé le game pendant si longtemps mais jamais autant qu’entre 1965 et 1968, 4 folles années où chaque galette (ou presque) de la Motown deviendra un hit et laissera une marque indélébile dans l’inconscient collectif.
Alors, on a décidé de revisiter la centaine de sorties annuelles de la Motown entre 1965 et 1968 et en extraire quelques perles oubliées au détour des grands tubes de l’époque.
Nuggets from 1967
1967 est une étrange année pour la Motown qui ne squatte plus le haut des charts comme avant. En 1967, les noms qui font vendre et vibrer sont ceux des Beatles, des Doors ou déjà des Rolling Stones. La première période enchantée du label de Detroit autour de Smokey Robinson & co semble finie. Pour autant, cette année est une des plus belles années qui nous ait été donné d’écouter et de redécouvrir. D’une part, parce que les talents sont là, ils maturent doucement : Stevie Wonder prend une dimension folle cette année tout comme Marvin Gaye. Et d’autre part, parce que toutes ces pépites (« Chained » de Paul Peterson, « Here i am Baby » de Barbara McNair, « Love’s Gone Bad » des Underdoungs) sont en fait des chefs d’œuvres en puissance, des masterpieces made in Motown, tantôt soul music, tantôt rhythm’n’blues. 1967 est finalement plus une transition douce entre déjà 2 générations, comme une année qui prépare le retour au tout premier plan du label de Detroit. Pour constater cela, rendez-vous bientôt en 1968, prochaine étape de notre voyage. En attendant, dégustez 67 !
Tracklist
Chained – Paul Peterson
The Day You Take One – The Marvelettes
Ain’t No Mountain High Enough – Marvin Gaye & Tammi Terrell
I Hear it Through the Grapevine – Gladys Night & The Pips
Here I Am Baby – Barbara Mcnair
I Was Made to Love Her – Stevie Wonder
Love’s gone bad – Underdogs
You – Marvin Gaye
California Soul – The Messengers
It’s You That I Need – The Temptations
You haven’t seen My Love – The Ones
What a Good Man he is – Tammi Terrell
Every tTime I see you I go Wild – Stevie Wonder
Do you love me just a little Honey – Gladys Knight & the Pips
Nuggets from 1966
« You can’ t hurry love”, “Reach Out (I’ll be there)”, “What becomes of the broken hearted”, … la Motown aura offert au monde en 1966 quelques sons devenus depuis légendes. Parmi la centaine de titres eux aussi parus en 66, on est allé piochés quelques grands standards estampillés « Motown » mais surtout quelques pépites oubliées : des poignantes mélodies (« Hurt a little everyday » de Brenda Holloway, « Remove this doubt » de The Supremes), de superbes airs de soul music (« Baby dontcha worry » de Tammi Terrell, « You’re The One » de The Marvelettes) et de douces folies de r’n’b (« Determination » de The Contours, « Shoot your shot » de Jr. Walker and The All Stars, samplé par Divine Styler puis par House of Pain – tendez l’oreille au début). Et puis, parce qu’on a fouillé de partout, on a même repéré un single des Mynah Birds, qui n’est rien d’autre que l’un des tous premiers groupes du grand Neil Young, rien que ça… 1966, hell of year.
Tracklist
Jr. Walker and the All Stars – Shoot your shot
The Lasalles – La La La La La La
The Supremes – Remove this Doubt
Jimmy Ruffin – What Becomes of The Broken Hearted
The Temptations – Ain’t too Proud to Beg
The Originals – Need Your Lovin’ (Want you Back)
The Contours – Determination
Brenda Holloway – Hurt a Little Everyday
Smokey Robinson – Save Me
Tammi Terrell – Baby Don’tcha Worry
The Marvelettes – You’re The One
The Mynah Birds – Go on and Cry
Jr. Walker and the All Stars – Money (That’s what I want)
Stratosphérique 1965
1965 ou l’année où la Motown a commencé à marcher sur le monde et ce dès début janvier avec « My Guy » de Smokey Robinson, sorti en décembre mais qui caracole en tête des charts dès le début de l’année. Plus de 100 singles plus tard, parmi desquels les hits planétaires « Stop ! In the name for love » des Supremes, “It’s the same old song” des Four Tops (merci à Claude pour la VF), ou encore “Uptight” de Stevie Wonder, reste l’incroyable talent des Funk Brothers – le groupe derrière le son Motown – à créer, innover et produire de purs chefs d’œuvre dont certains ont été oubliés depuis.
Pour ce premier opus dans notre série « Motown – Greatest Years » , on file donc en 1965 dépoussiérer certains trésors oubliés avec The Contours, The Freeman Brothers, The Lewis Sisters, les premiers pas de Marvin Gaye et de Stevie Wonder, The Downbeats et on prend même le risque de conclure ce premier « Retour vers le futur » avec Richard Anthony, qui aura signé 2 titres sur le plus grand label de Detroit.
Tracklist
The Contours – First I look at the purse
The Freeman Brothers – Beautiful brown eyes
The Spinners – Tomorrow may never come
The Hillsiders – Rain is a lonesome thing
The Lewis Sisters – Moonlight on the Beach
Marvin Gaye – She’s got to be real
Stevie Wonder – Kiss me Baby
Martha Reeves & The Vandellas – Nowhere to Run
The Supremes – Back in my Arms Again
Earl van Dyke & The Soul Brothers – How Sweet it is
Jr. Walker & The All Stars – Shotgun
The Downbeats – Do you know what i’m talking about
Marvin Gaye – Ain’t That Peculiar
Richard Anthony – What Now my Love