ELi A Free

Space, disque de la semaine du Grigri du 10/05 au 16/05


Space (Bandcamp)


Au Grigri, on aime bien fureter au petit bonheur sur Bandcamp en quête d’artistes dont presque personne ne parle. Il y a quelques semaines, on est tombé sur ce Space signé par un Ghanéen baptisé ELi A. Free. Des infos sur lui, on n’en pas trouvé des masses – c’est d’ailleurs ce qui rend l’écoute de ce genre de découverte encore plus saisissantes, on a vraiment l’oreille aux aguets. On a juste trouvé qu’il était proche de Wanlov The Kubolor de FOKN Bois avec qui il a fait un clip très drôle il y a cinq ans (“Gold Coast”). Et puis, on a aussi déniché un article daté de 2013 chez les toujours bien informés américains de The Fader où l’on apprenait que le natif d’Accra aimait prendre son temps et privilégier les live intensifs plutôt que les singles à répétition.

Dans la jungle touffue des sorties Bandcamp, c’est d’abord la pochette de Space qui nous a titillé la curiosité, peut-être à cause de la Pesquetmania qui grignotait alors la France, peut-être parce que l’espace manque tant à notre désir en ces temps confinés, peut-être parce qu’elle est tout simplement belle. Des pierres, des arbres, des étoiles: avec ces objets immémoriaux rassemblés dans une mise en scène futuriste, on saisit en un instant l’esprit d’ELi A. Free au croisement des traditions et des modernités.

Un laboratoire où le jeune Ghanéen hybride highlife, hip-hop, jazz, techno ou soul. Un disque expérimental dans le sens le plus propre du terme puisque ELi A. Free est capable dans un même morceau de lancer plusieurs formules chimiques à la fois

Dans le sillage des Portoricains d’Ifé, des Colombiens des Meridian Brothers, de l’Algérien Sofiane Saidi, du Palestinien Tamer Abu Ghazaleh ou du Franco-Libanais Bachar Mar-Khalifé, il fait partie de ces artistes qui font sauter les digues entre musiques “folkloriques” et cultures électroniques. Une sorte de “world 2.0” qui fait tomber tous les clichés comme une boule de bowling prête à faire strike. Difficile de voir Space autrement que comme un laboratoire où le jeune Ghanéen hybride highlife, hip-hop, jazz, techno ou soul. Un disque expérimental dans le sens le plus propre du terme puisque ELi A. Free est capable dans un même morceau de lancer plusieurs formules chimiques (cf. “Gypsy Road”, sorte de free jazz électro qui se termine par une chorale splendide).

En huit titres, Eli A. Free nous balade ainsi entre vignettes labyrinthiques à la Flying Lotus (“At A Cross Road” ou “South West Dehli”) et hymnes addictifs et soulful (cf. le chef-d’oeuvre du disque, “Smokers Cough” qui sonne comme du Bob Marley ghanéen). Dans sa courte bio, il se définit comme un “chanteur-songwriter alternatif qui crée de la musique sincère avec une exigence expérimentale”. Sincère, alternatif et expérimental, voilà une bonne définition de Space. On ajouterait bien “prometteur” à cette liste tant cette vingtaine de minutes de musique nous a plus excités que bien des longs disques qui nous sont tombés sous la main ces derniers mois.

Mathieu

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Comme un je-ne-sais-quoi de très français dans un jazz marqué par la nouvelle génération anglaise pour le quintet Naïram de Jasmine Lee qui sort un premier opus inspiré des Nerija, SEED Ensemble ou encore Maisha. Mais un opus qui parvient à s’en affranchir aussi, en particulier par le jeu du flutiste Alexandre Aguilera, pour offrir un ménage à 3 réussi entre improvisation, spiritual jazz et jazz métissé.

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À paraître sur le label Light in the Attic Records, Even the Forest Hums : Ukrainian Sonic Archives 1971-1996 compile des musiques ukrainiennes de l’ère soviétique à la période post-URSS. Si la promesse, de mettre en lumière des morceaux rares de folk, rock, jazz et d’électronique, est aussi bonne que les deux premiers extraits alors vivement la sortie complète le 18 octobre.

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