Burn’IN (BMM Records)
A l’origine, le NCY Milky Band, c’est “juste” le backing band du très bon label hexagonal Black Milk Music. Dix piges plus tard, ils en sont devenus la principale attraction. Grâce à leur musique, bien campée dans l’air du temps entre jazz-funk, library music et hip-hop instrumental. Mais aussi et surtout grâce à un impeccable sens de l’image et de la mise en scène. Il suffit de souvenir de leur performance live filmée à 111 mètres par un drone l’an dernier: la pochette de l’EP qui avait suivi affichait un gratte-ciel qu’on jurerait planté à New York et non à Nancy. Car oui, malgré son nom anglais et son acronyme US, le NCY Milky Band est plus Lorrain que Ricain. Et c’est toute la malice de ce groupe de jouer sur cette ambiguïté.
L’autre bonne idée, c’est d’avoir débuté leur carrière discographique par un hommage pur et dur. Pas à Miles Davis ou à Frank Zappa comme ça se fait depuis des lustres. Non, plutôt aux nouveaux hérauts du jazz-hip-hop: la harpiste Dorothy Ashby (souvent samplée par J Dilla), le producteur boss du genre Madlib, le duo d’électro XP Boards of Canada ou l’un des princes des arrangements à la française, Jean-Claude Vannier. Sorti l’an dernier, Our Gurus sonnait ainsi comme un CV parfait: le NCY Milky Band montrait ses influences avec transparence et déférence. La voie était libre pour un premier disque de compositions.
Chaînon manquant entre BadBadNotGood et Limousine, le NCY Milky Band profite de ce premier Long-Playing pour explorer d’autres voies: la pop psyché à la MGMT sur “Politricks” ou le jazz lyrique à la Kamasi Washington sur “Mermoz”.
Après plusieurs mises en bouche de qualité, le voici donc cet album de baptême: il s’appelle Burn’IN et confirme tout le bien qu’on pensait du quatuor nancéen formé par Paul Lefevre (batterie) Louis Treffel (claviers), Antoine Léonardon (basse) et Quentin Thomas (saxophone). Chaînon manquant entre BadBadNotGood (“Young Fiasco”) et Limousine (“Love Alert“), le NCY Milky Band profite de ce premier Long-Playing pour explorer d’autres voies: la pop psyché à la MGMT sur “Politricks” ou le jazz lyrique à la Kamasi Washington sur “Mermoz”.
Des morceaux accrocheurs (“Burn’in” ou “Plus Profond”), une épatante énergie de groupe, un storytelling bien léché, une imagerie à la Gondry: Burn’IN sait faire monter la sauce dans tous les sens du terme. Mais pourtant, ce qui a achevé de nous séduire, c’est un petit détail qui fait les grandes histoires: tout au long de son disque, le NCY Milky Band propose des interludes intitulés “Chercher la magie” qui sonnent comme des off ou des “skits” selon que l’on préfère le vocabulaire du cinéma ou du rap. Et les groupes qui soignent ainsi la dramaturgie de leur disque pour en faire plus qu’un simple recueil de tracks, on a envie de les embrasser à l’américaine, d’une étreinte qui frappe fort dans le dos et qui veut dire bravo.