Music is the weapon

Lundi à 21h, Music is the weapon consacre cet épisode 4 aux voix du combat féministe. A toutes les femmes du monde !

Une émission qui salue les chants qui se soulèvent et qui racontent le sort des engagés, des rêveurs, des insoumis, des opprimés, des rebelles et des militants. Pile à l’endroit où la musique est arme de lutte sociale, politique et culturelle. Là où elle devient aussi objet de survie, de foi et de mémoire.

Episode #4 – “All women”

Music is the weapon dédie cet épisode 4 aux voix et destins des combattantes.

D’un “Respect” d’Aretha Franklin, qui sonne en 1967 comme une masterclass du féminisme à Mai Mandour, rappeuse du Levant, qui brise tabous et représentations clichées de la femme orientale, “All women” salue ces femmes avant-gardistes et insoumises, curieusement “culottées” et sacrément puissantes qui sur les scènes disco, funk, hip-hop, blues, rock, calypso ou jazz… luttent pour rebattre les cartes de l’(in)égalité.

Tracklist

1. Marlena Shaw – Woman Of The Ghetto
2. Mai Mandour – Fara3
3. Luedji Luna – Acalanto
4. Michèle Arnaud – Ne Vous Mariez Pas Les Filles
5. Patti Smith – Redondo beach
6. Celea · Reisinger · Parisien – Lonely woman
7. Koko Taylor – I’ m a Woman
8. Calypso Rose – No madame
9. Aretha Franklin – Respect
10. Bessie Smith – Send me to the l’ectric chair
11. Lesley Gore – You Don’t Own Me (1964)
12. Oumou Sangare -Sounsoumba
13. Queen Latifah – « U.N.I.T.Y. »
14. Nina Simone – Four Women (1966)
15. T.V. MAMA JEAN – Women’s Liberation
16. Betty Davis – Big freak

Episode #3 – “All workers”

Music is the weapon Vol. 3 part en quête des protest songs dédiées aux travailleurs exploités, oubliés ou opprimés au sein des sociétés dirigeantes. “All workers” lève le drapeau de la contestation sociale.

Tracklist

  1. Alfred Panou & Art Ensemble Of Chicago – Je suis un sauvage (1970)

  2. Danyel Waro – batarsité

  3. Grandmaster Flash & The Furious Five – The Message

  4. Paul Simon – Homeless

  5. Prince – Dear Mr. Man

  6. Gil Scott-Heron – Whitey On the Moon

  7. Chico Buarque – Construção

  8. Spearhead – Crime To Be Broke In America

  9. Leyla McCalla – Money Is King

  10. Nina Simone – Pirate Jenny Live 1964

  11. Beastie Boys – Johnny Ryall

  12. Michel Roques, Le cri

Episode #2 – “All repressed”

Tracklist

Zeca Afonso – Grândola, Vila Morena
Victor Jara – A Cuba
Inti Illimani – huajra
Alèmayèhu Eshèté – Alteleyeshegnem
Sun Ra – Dancing in the sun
Marika Papagika- Smyrneiko Minore
Grup Yorum – Ölümden Öte Ne Var
Mercedes Sosa – Cancion con todos
Fela Kuti – Water No Get Enemy
Mohamed Mazouni – Ecoute moi camarade
Lounes Matoub – Monsieur le president
Alain Peters – Rest’ la maloya
Selda Bağcan – Ayni Cemin Bülbülüyüm
André Minvieille et Papanosh – Étranges étrangers

“All repressed”

Ce deuxième épisode marche à travers le monde pour suivre les voix et destins d’artistes censurés. Réprimés, jetés en prison, torturés, exilés, expatriés, assassinés : ils ont dû étouffer leurs cris face aux dictatures et oppressions nationales.

Grèce, 1935 : Sous la dictature de Metaxes, le Rebetiko genre musical populaire né dans les « bas-fonds » d’Athènes est interdit. Marika Papagika, la « voix » des minorités sociales, continuera de chanter pour les marginalisés, les mendiants et les immigrés d’Asie mineure.

Chicago, 1952. Herman Poole Blount, jeté en prison quelques années plus tôt pour son refus de participer à la Seconde Guerre Mondiale, prend le pseudonyme de Sun-Ra. Il est devenu depuis le symbole d’un afro-futurisme résidant dans l’activisme politique et la défense des droits afro-américains.

Portugal1973.  Zeca Afonso, agitateur de conscience politique, chante pour les opprimés du régime d’Antonio de Oliveira Salazar. Il est emprisonné dans la prison politique de Caxias. Son titre « Grândola, Vila Morena » clamant ses idées communistes est censuré. Signal déclencheur de la « révolution des œillets », la chanson est aujourd’hui associée à la restauration de la démocratie au Portugal.

Chili, 1973. La « nueva canción » émerge sous le gouvernement Pinochet, levant haut le drapeau des mouvements socio-politiques de gauche et marquant le renouveau de la musique folklorique chilienne. Parmi ses figures révolutionnaires : Victor Jara, emprisonné, torturé à l’Estadio Chile et assassiné en septembre 1973 ; Inti Illimani, ensemble folklorique, interdit de résidence au Chili devant s’exiler pour 15 années durant.

Argentine, 1976. Jorge Videla prend le pouvoir de l’Argentine et de « la guerre sale » latino-américaine. Figure de la « nueva canción » argentine, Mercedes Sosa, est arrêtée lors d’un concert à La Plata trois ans plus tard. Elle s’exile à Paris, puis à Madrid pour fuir le régime dictatorial de son pays.

Nigéria, 1975. Fela Kuti a fait son entrée en politique et continue de faire de l’afro-beat une arme de lutte pour dénoncer les classes dirigeantes et régimes militaires corrompus. Cette année-là, il fait paraître cinq albums, dont le sulfureux « Expensive Shit », décrivant son arrestation un an plus tôt.

Éthiopie, 1977. Alèmayèhu Eshèté, doit renoncer à une carrière nationale dans le milieu de l’éthio-jazz avec l’arrivée au pouvoir de Mengistu Haile Mariam, le Négus rouge. Sous les violentes répressions du gouvernement militaire provisoire, le « Derg », il est contraint à l’exil.

Turquie, 1980 : Le coup d’état des forces armées de Kenan Evren instaure un régime politique autoritaire contre lequel la folk music s’engage. Selda Bağcan, figure féminine du militantisme de gauche, est condamnée à l’emprisonnement et à l’interdiction de sortie du territoire jusqu’en 1987. Grup Yorum, collectif de musiciens formé pour devenir « la voix de la terre et des peuples d’Anatolie », est, lui, décimé par les arrestations. Dix d’entre eux sont aujourd’hui en prison, d’autres sont en fuite. Helin Bölek, chanteuse de l’ensemble, est décédée ce 3 Avril 2020 après 288 jours de grève de la faim en signe de protestation contre la répression dont son collectif est victime.  

La réunion, 1982. Pendant que sonne sur l’Ile de La Réunion la reconnaissance officielle du 20 décembre 1848 comme date de l’abolition de l’esclavage, le maloya se libère d’une prohibition subie depuis la fin des années 1950. Cette musique traditionnelle créole, héritée des ancêtres esclaves, était trop subversive aux yeux de l’administration française. Ses chants de complainte et ses danses, qui continuaient d’être joués en cachette, sortent de la clandestinité. En témoigne Le titre « Rest’ là maloya » d’Alain Péters.

France-Algérie, 1991 : Depuis 1970, Mohamed Mazouni aligne les succès : « Je chante pour les gens qui comme moi connaissaient l’exil ». Luttant pour la Libération nationale, il célèbre l’indépendance algérienne en 1962. Son humour grinçant et son mélange de musiques traditionnelles dérangent. Dénonciateur du racisme et des conditions des travailleurs immigrés, il commet l’erreur, en 1991, de soutenir la position de Saddam Hussein et sera interdit de séjour en France pendant cinq ans.

Algérie, 1998. Le 25 juin, Lounes Matoub, est assassiné à Thala Bounane. Symbole de la Kabylie, il milite pour la cause identitaire amazigh en Algérie, combattant pour la démocratie et la laïcité.

France, 2020. On célèbre ces artistes devenus eux-aussi d’étranges étrangers « pour avoir défendu en souvenir de la {leur}, la liberté des autres ». On ne clôture pas. On poursuit notre marche. Avec les mots de Jacques Prévert façon Minvielle et Papanosh. 


Episode #1 – “All about slavery”


Tracklist

  1. C.B. And Ten Others With Axes – Rosie 

  2. Burning Spear – Slavery Days (Marcus Garvey)

  3. Jordi Savall (coord.) – Manden Mandinkadenou (chant de griot) 

  4. Al Green – Free At Last (Official Audio)

  5. The golden gospel singer – Oh Freedom 

  6. Cesaria Evora – Sodade

  7. Mélissa Laveaux – Simalo

  8. Kendrick Lamar – King Kunta

  9. Freedom Day – Abbey Lincoln

  10. Joseph Lacides – Yo ka biguiné

  11. Ella Jenkins – Wade in the water 

  12. Los Fantasios – Assez Pleuré

  13. Max Cilla – Crepuscule tropical

  14. Vera hall – trouble so hard

  15. Vincent Martin – Uncle Joe

“All about slavery”

« L’humanité est divisée en deux : les maîtres et les esclaves , Aristote. 4e siècle Avant Jésus Christ ». Ces mots tout droit venus de l’Antiquité sont repris par Jordi Savall, pour ouvrir façon Boîte de Pandore le récit des grands maux de l’esclavage dans un bijou musical nommé « The routes of Slavery  ».

Ce sont les mêmes mots qui introduisent ce « All about slavery », spécialement dédié aux récits chantés ou réinterprétés en mémoire des peuples faits esclaves, en hommage à toutes les musiques faisant force de résistance et de rêve communs.

Près d’un Jordi Savall, toute une génération de griots contemporains, venus du Mali, du Maroc, de Madagascar ou d’Espagne (Ballaké Sissoko, Kassé-Mady Diabaté, La Capella Reial de Catalunya, Mamani Keita, Nana Kouyaté, …) nous invitent à nous souvenir de l’histoire des cargaisons guinéennes débarquant sur les côtes portugaises en 1444. Des « slavery days » que Burning Spear nous balance version reggae, pour rendre hommage à Marcus Garvey, prophète du mouvement rastafari et militant sans concession du « Back to Africa », prônant le retour des descendants des esclaves noirs vers l’Afrique.

Coté Hip-hop, un autre héros, cette fois sorti de la plume d’Alex Haley, Kunta Kinté, jeune gambien arraché à son pays et fait esclave en Amérique devient symbole de rebellion et de lutte pour la liberé. Ce « King Kunta » a notamment inspiré le rappeur Kendrick Lamar qu’on sélectionne ici, aux côtés d’autres célèbres appels à la liberté : quand blues, soul, gospel ou jazz nous balancent des « freedom » multi-récidivistes, multi-nationaux et multi-jouissifs.

L’unique morceau instrumental de ce premier mix est signé Max Cilla, autrement nommé « Le Père de la Flûte des Mornes ». « Crépuscule tropical » est extrait d’un album entièrement consacré aux paysages sonores de ces reliefs montagneux des Antilles. Les mornes servaient de refuges aux « nègres marrons » alors poursuivis par les colons lorsqu’ils s’évadaient de l’asservissement esclavagiste.

Rythmes, instruments et chants populaires des îles rappellent en effet ce que l’histoire culturelle et musicale transporte de stigmates. Les affres des périodes de colonisations européennes sont chantés et rejoués, devenant autant de rappels aux ancêtres arrachés à l’Afrique, à leurs révoltes et leurs cris pour l’indépendance. Hommages à l’oralité et aux âmes rebelles de l’île Maurice et du Séga, de la Guadeloupe et du Gwoka, des Bahamas et du Gombay. 

Jusqu’au célèbre « Sodade » d’Evaria Cesora dont on oublie parfois qu’il est un chant de combat, décrivant le travail forcé dans les plantations de São- Tomé-et-Principe. Jusqu’aux derniers appels très actuels de Mélissa Laveaux qui réveille en beauté les divinités vaudou haïtiennes pour contrer de nouveaux temps d’oppression. 

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