Kanye West par-delà les clichés

A l’occasion de la sortie de son passionnant Kanye West ou la créativité dévorante (Playlist Society), le journaliste Adrien Durand pirate Le Grigri avec un mix spécial dédié au rappeur-producteur-businessman le plus médiatisé, adulé et controversé de ces quinze dernières années. Une manière de rappeler que Kanye West, ce n’est pas que du (bad) buzz, c’est aussi beaucoup de talent(s).

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Des clichés, il y en a des paquets qui traînent sur Kanye West. Certains ne sont pas vraiment faux; d’autres ne sont pas loin d’être vrais. Il faut dire que le natif de Chicago participe souvent à les nourrir, ces stéréotypes. La force du livre d’Adrien qui sort ce jeudi 11 juin aux éditions Playlist Society, c’est qu’il ne cherche ni à défendre ni à défoncer le rappeur aux 21 Grammys. Au contraire, l’idée c’est presque de se débarrasser de ces apparats pour essayer de comprendre qui est ce type qui a été encore plus loin que John Lennon: si le Beatle affirmait qu’il était plus célèbre que le Christ, Kanye West affirme pour sa part être purement et simplement Yeezus.

Toutes ces provocations, tous ces coups d’éclat, tous ces dérapages, Adrien Durand ne les occulte jamais. Il tente juste de les (re)mettre dans leur contexte. Quitte à tenter – exploit – de se faufiler dans la tête de Kanye West. Exemple? Le soutien du rappeur à Trump, il l’envisage d’abord comme un pied de nez ultime du Chicagoan, une manière extrême d’éprouver sa liberté – un rappeur noir ne devrait pas dire ça pour pasticher le fameux bouquin de François Hollande. Avant d’imaginer l’option happening: et si Kanye West aimait tout simplement créer le malaise? Et Adrien Durand de rappeler que le rappeur est un grand fan d’Andy Kaufman, ce comique américain interprété par Jim Carrey dans le Man on The Moon de Milos Foreman: un artiste qui a la provocation chevillée à l’âme.

L’autre qualité de Kanye West ou la créativité dévorante, ce sont les passages sur les doutes de ce type qui ne semble jamais douter. On peut ainsi se dire que son addiction aux paillettes et à la gloire peut aussi être une conséquence des années passées dans l’ombre de Jay-Z au sein du label Roc-A-Fella Records. Des années d’humiliation symbolisées par l’épisode du Madison Square Garden en 2003 où il doit acheter lui-même ses places pour assister au concert de sa star de patron. En fait, Adrien Durand, plus qu’il ne disserte sur Kanye West, nous invite à réfléchir avec lui sur cette figure phare de ces quinze dernières années, passé du premier rappeur de la middle class sans véritable street credibility au créateur de contenu(s) le plus influent de la culture 2.0.

Et puis ce livre-essai se consacre aussi et surtout au plus important: la musique. Une oeuvre en constante mutation qui part de l’époque où le jeune Chicagoan sample la Motown jusqu’à son dernier disque gospel en passant par ses collabs avec Daft Punk, Bon Iver ou le fameux auto-tune. Au fond, Kanye West ou la créativité dévorante donne envie de se (re)plonger dans la discographie aussi plantureuse que versatile – et finalement assez labyrinthique – de Kanye West. Pour nous/vous y aider, on a demandé au principal intéressé, Adrien Durand, de nous concocter un mix spécial pour accompagner la sortie et la lecture de son livre. Cliquez donc ci-dessous pour une heure complètement à West.