Navy Blue

Àdá Irin, disque de la semaine du Grigri du 09/03 au 15/03

Oubliez les Tony Parker et les Yannick Noah. Car oui, quand les grands sportifs décident de se mettre à la musique, ce n’est pas toujours synonyme de naufrage. La preuve avec le rappeur et beatmaker Sage Elsesser. Skateur professionnel sponsorisé par les très puissantes marques Converse et Supreme, ce jeune Californien (à peine 23 années au compteur) a commencé en 2015 à sortir quelques EP et featurings sous l’alias Navy Blue. Grand pote d’Earl Sweatshirt (qui l’a même interviewé en 2017 pour le site new-yorkais Quartersnacks), le garçon figurait d’ailleurs à la prod de plusieurs titres du très expérimental et passionnant Some Rap Songs en 2018. Il faut dire que Sage Elsesser appartient à Illegal Civilization, une ligne de fringues et de skateboards très proche du collectif Odd Future et donc aussi de Tyler The Creator ou Frank Ocean.

Après cinq années de petits formats, le garçon sort donc enfin son premier LP en bonne et due forme: dédié à la mémoire de son grand-père Madison T Shockley, Àdá Irin est une saisissante réussite. Comme sur ses mixtapes, Navy Blue affiche son affolant sens de la prod et du sample. Sur Higher Self en 2019, il avait par exemple eu l’excellente idée de sampler l’un des plus beaux morceaux de l’humanité jazz, All Alone du trop méconnu pianiste Mal Waldron – juste pour ça, on lui doit un respect éternel. Sur sur ce debut album, le skateur-rappeur persiste et signe avec des magnifiques boucles de piano à la Robert Glasper (“Hara Kiri”), des orgues à la Rhoda Scott (“In Good Hands”) ou des cuivres à la Christian Scott (“Crash!”). Le Blue de son alias évoquerait-il les vapeurs du label Blue Note? La question est lancée comme une bouteille à la mer.

Avec ses instrus soulful, son rap introspectif, son penchant pour les formats courts (la majorité des 11 morceaux dépasse à peine les deux minutes), le Sage Elsesser en mode rappeur s’inscrit dans les pas d’un Jonwayne: un hip-hop à fleur de peau qui (se) questionne plus qu’il ne (s’)affirme. Et surtout un hip-hop qui croit encore dur comme fer au format album. La preuve, le Californien a récemment témoigné de sa déception sur son compte Twitter: plus de la moitié des gens qui avaient écouté Àdá Irin en streaming avaient picoré des titres plutôt que de le découvrir dans sa totalité. A l’heure où beaucoup de disques ressemblent à une suite de singles entourés de titres anecdotiques de remplissage, ça fait du bien. On ne saurait donc que trop vous conseiller de profiter de ce premier opus de Navy Blue de A à Z: moins de trente minutes et pour des heures de plaisir(s).

🇬🇧 The rapper and beatmaker Sage Elsesser is finally releasing his first LP and “Àdá Irin” is an impressive success. (…) As on his previous mixtapes, Navy Blue – his stage name – displays his remarkable sense of production and sampling. On “Higher Self” in 2019, for example, he had the excellent idea to sample one of the finest pieces of jazz humanity, “All Alone” by the not-enough recognized pianist Mal Waldron and for that, we owe him an eternal respect! (…) With his soulful instrumentals, his introspective rap, his tendency for short formats (the majority of the 11 tracks barely exceed two minutes), Sage Elsesser follows Jonwayne footsteps: hip-hop music that asks questions more than it affirms. And above all, Hip-Hop music that strongly believes in the concept of an album.

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