Knxwledge

1988, disque de la semaine du Grigri du 30/03 au 05/04

Knxwledge sort tellement de disques qu’on a parfois du mal à s’y retrouver. Juste en 2020 – et nous ne sommes même pas encore en avril – 1988 est déjà le quatrième. Sur sa notice Wikipedia, sa discographie où l’on trouve pêle-mêle son fameux binôme avec Anderson .Paak comme sa non moins fameuse collaboration pour Kendrick Lamar et ses inspirants remixes de Meek Mill, est même plus longue que sa bio. Comme si le garçon ne se définissait que par sa musique et uniquement par sa musique. Pourtant, ce nouveau coup de force du beatmaker californien a comme un air de jamais vu. Et pas seulement parce qu’il sort très officiellement sur le label Stones Throw et non comme une énième mixtape sur Bandcamp.

Pour la toute première fois, Knxwledge montre sa trogne en pochette. D’ordinaire, le natif de Philadelphie la joue plutôt discret. Sur Hud Dreems il y a cinq ans, il s’affichait même en inspecteur mystère cousin de l’énigmatique Fantôme Noir de Disney. Autre indice: 1988 n’est pas une date anodine puisque c’est son année de naissance. Dernier détail qui compte: alors que les titres de ses morceaux sont parfois cryptiques, à l’image du X qui remplace le O de Knowledge dans son alias, ils forment ici, mis bout à bout, une vraie déclaration d’intention très stoïcienne : “Don’t be afraid. Because tomorrow’s not promised. Do you. That’s all we can do. Listen; learn how to cope with reality. You only get one, so live life. Be safe. Watch who you call your homie. They come and go. Don’t gotta be gangsta all the time. Believe me; it can be so nice. Make use of the time. Make it live forever. A woman’s life is love. A man’s love is life. Keep on minding my business.“ (Merci au site DJ Booth de nous l’avoir fait remarquer).

Résultat, la tentation est forte de faire de ce 1988 l’élément le plus personnel et intime de la gargantuesque discographie de Knxwledge. Aussitôt, le beatmaker dynamite cette intuition: il prétend que 1988, c’est en réalité la date de création de ces 22 morceaux, suggérant par là même une précocité extraordinaire, supérieure à celle de Mozart et Jordy réunis. On laissera le soin au professeur Raoult, à Michel Cymes et au Docteur Dre de juger de cette possibilité biologique, génétique et scientifique. Mais que 1988 soit composé par un bébé de génie ou par un trentenaire suractif, peu importe, ça reste un disque complètement enveloppant, lumineux, sophistiqué et sensuel, alternant entre nu-soul trafiquée à l’hélium, funk alanguie, hip-hop mélancolique et r’n’b hypnotique.

Et puis, comme tous les grands disques, 1988 a quelque chose de surnaturel et prophétique: s’il a ce don de nous plonger dans un rêve éveillé, une constante chez le Californien (cf. le Dream de Martin Luther King sur son t-shirt de la pochette), quand, à mi-parcours il dégaine le vaporeux “Be Safe”, on revient à la réalité. Oui, prenez soin de vous et écoutez Knxwledge. S’il vous plaît – car au Grigri, on est poli.

🇬🇧 Knxwledge releases so many records that you sometimes have a hard time navigating through them. Just in 2020 – and April has just started – 1988 is already his fourth record. But this new “coup de force” from the californian beatmaker looks like something we have never seen and heard before. And not only because it’s officially released on Stones Throw label and not as an another mixtape on Bandcamp. (…) There is a strong temptation to think “1988” as the most personal and intimate part of Knxwledge’s massive discography. (…) 1998 iz a fully enveloping, luminous, sophisticated and sensual record, alternating between nu-soul tampered with helium, languid funk, melancholic hip-hop and hypnotic rn’b. Like all the records, “1988” has something supernatural and prophetic at the same time.

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C’est d’abord une rencontre entre quatre musiciens de trois pays différents (Mali, Gambie et Italie) avec l’envie de proposer une musique aux racines africaines bien ancrées mais en même temps ouverte à de nouvelles directions. Ici kora, djeli ngoni, chants de griot se mêlent à des influences jazz, musiques improvisées et même folk. Cette union entre tradition et moderne nous ouvre de nouvelles possibilités dans un genre qu’on croyait figé. Et pour ça grand respect à Lolo.

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Né à New York, vivant à Toronto, ayant des racines japonaises, le chanteur Kingo Halla est un touche-à-tout s’inspirant à la fois du jazz brésilien, de la soul, ou du R’n’B. Avec son dernier projet, il réussit un véritable tour de force en mélangeant habilement influences old-school et production moderne. Être fidèle à la soul d’origine sans jamais sonner dépassé. Si on ajoute avec ça un songwriting talentueux porté par une superbe voix, on se demande si Kingo Halla n’a pas trouvé la formule sécrète pour une soul des années 2020’s.

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