Jeff Parker

Suite for Max Brown, disque de la semaine du Grigri du 02/03 au 08/03

Une bonne équipe de foot, de basket ou de rugby, ça doit savoir gérer, alterner, équilibrer jeu long et jeu court. C’est plus qu’essentiel: c’est vital. Sinon elle prend le risque de se faire caricaturale et l’adversaire peut alors lire en elle comme dans un livre ouvert. Eh bien si Suite for Max Brown était une équipe, il saurait parfaitement déstabiliser ses concurrents. Car son auteur/entraîneur, Jeff Parker, y magnifie l’art de l’interlude. Non seulement, elles y sont magnifiques (“C’mon Now” et son sample d’Otis Redding, le contemplatif “Del Rio” ou le minimaliste “Lydian”), mais leur esprit irrigue aussi les morceaux plus longs comme l’impressionnant final, “Max Brown”. Et puis l’interlude, ça représente bien la philosophie du guitariste de Chicago sur cet album: un pied dans le jazz, un pied dans le hip-hop. A tel point que si on nous disait que Madlib, Kenny Burrell, J Dilla, ou Jim Hall étaient aux manettes de Suite for Max Brown, on ne serait pas vraiment étonnés.

Il faut dire que tout a commencé un jour où Jeff Parker était DJ et qu’il a joué en même temps du Nobukazu Takemura et le premier mouvement du A Love Supreme de John Coltrane. Man vs machine comme il dit. Une devise qui représente aussi la manière dont le guitariste de Tortoise a imaginé ce disque dédié à sa mère (Max Brown, c’est Maxine Brown, le nom de jeune fille de sa mother qui a 19 ans quand elle pose pour la photo de la pochette): il joue tout seul de presque tous les instruments (guitares, sampleur, batterie, claviers, etc.) à l’image de l’hypnotique “Fusion Swirl”. Ce qui ne l’empêche pas d’inviter quelques proches de chez proches, de sa fille Ruby au chant à ses complices au long cours comme le trompettiste Rob Mazurek, le bassiste Paul Bryan ou le batteur Makaya McCraven.

Héraut du post-rock avec Tortoise, Jeff Parker fricotait magnifiquement avec le jazz depuis plusieurs années, notamment au travers du génial label de Chicago International Anthem. Avec Suite for Max Brown, il passe le pas avec des reprises-relectures-reconstructions de standards de la note bleue comme le “After The Rain” de Coltrane ou le “Black Narcissus” de Joe Henderson. Comme une manière aussi de se lover parfaitement entre ces deux pôles de jazz: enveloppants, intenses, lyriques.

On dirait même plus: tout se passe comme si Jeff Parker tentait de se construire un nid à partir de toutes ces belles branches pour reprendre le titre du puissant morceau d’ouverture avec sa fille, “Build a Nest”, une sorte de nu-soul sophistiquée et minimale. Résultat, nous aussi on trouve dans Suite for Max Brown un cocon tout moelleux, tout chaud, tout accueillant pour passer cet hiver le plus loin possible des coronavirus de toute espèce.

🇬🇧 Jeff Parker magnifies the art of interlude. Not only are they magnificent like on “C’mon Now” and its sample of Otis Redding, on the contemplative “Del Rio” or on the minimalist “Lydian”, but their spirit also irrigates the longer pieces like the impressive finale “Max Brown”. (…) Post-rock’s herald with his project Tortoise, Jeff Parker has been fraternizing with jazz for several years, in particular through the brilliant label from Chicago “International Anthem”. (…) With “Suite for Max Brown”, he is definitely going for it with covers/re-readings/reconstructions of jazz standards such as Coltrane’s “After The Rain” or Joe Henderson’s “Black Narcissus”. (…) At the end, you will find in “Suite for Max Brown” a very soft, warm and welcoming cocoon to spend the winter as far as possible from coronaviruses of all kinds.

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Nouveau projet du musicien Axel Rigaud (qu’on suit au Grigri avec ses projets solo ou Sugar Sugar), AB SPATIO nous invite à un voyage où leur jazz mélodique se marie délicatement à des nappes de synthétiseurs, flirtant parfois avec l’électronica. Il dégage de cet très bel EP une atmosphère spatiale, presque cinématographique, où on est embarqué loin avec ces quatre spationautes du son.

La chose qu’on entend de suite : c’est ce flow rocailleux, grave, qui prend de la place. Puis il y a aussi cette écriture, remplis de métaphores étranges et de punchlines macabres, lâchée sur des intrus (toutes de grandes qualités) entre samples enfumés et ambiance claustro. Avec cet excellent premier projet, on part à la découverte de l’univers de miles cooke, MC originaire de Brooklyn . Cet album n’est pas un portrait de l’artiste pour sûr, mais c’est surtout une sacré entrée en matière pour ce nouveau rappeur à suivre de très prés.

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