A la question à la con: quels disques emporterais-tu sur une île déserte? (car tout le monde sait très bien qu’il n’y a pas d’électricité sur une île déserte, il vaut donc mieux prendre avec soi des Kinder Bueno, des revues coquines ou des bières), le Californien Ted Feighan, alias Monster Rally, ne répond pas. Il préfère plutôt la contourner depuis plusieurs années. Adepte de la méthode fructueuse du collage (ou cut-up si on veut se la péter en citant William Burroughs), le garçon construit ses disques comme des patchworks à partir de samples tirés de sa propre collection de vinyles exotica. Résultat, sur la fameuse île déserte, il n’aurait besoin que de prendre ses propres albums, eux-mêmes best of de ses albums préférés. Malin le bougre. Pas étonnant qu’il ait donc décidé de baptiser son cinquième opus Adventures on the Floating Island tant il ressemble au biopic de la vie rêvée d’un Crusoé bien dans ses savates.
Sorte d’utopie du beatmaking en 17 (petits) mouvements, le disque joue avec les guitares hawaïennes, les cordes sensibles, les harpes enchanteresses, les sifflets à la Morricone, les pianos bossa ou les riffs de la surf music pour construire un monde imaginaire où la décontraction et l’insouciance sont reines. Cerise sur le space cake, Monster Rally décline sa philosophie tropicalo-hédoniste sonore en montages visuels. Auteur de la belle pochette de Adventures on the Floating Island, le Californien vend aussi ses oeuvres tout aussi ensoleillées sur son site. Cet homme sera-t-il notre nouveau gourou dans notre chemin vers le bonheur et l’optimisme?