Segawa Tatsuya. Ce nom ne vous dit sans doute rien si vous n’êtes pas familier de l’univers du regretté Nujabes. Souvent surnommé le J Dilla nippon et pas seulement en raison de leur date de naissance commune (le 7 février 1974), ce producteur et beatmaker jazzophile avait pour habitude de prendre Segawa Tatsuya pour ses premières parties sous le pseudo de Deeptuber (alias qu’on retrouve sur le fabuleux premier morceau du disque). Avec la complicité de deux autres proches de Nujabes et du label Hydeout Productions (Takumi Koizimi et Uyama Hiroto), Segawa Tatsuya a créé Roph Recordings pour défendre sa vision du jazz, gorgée de beats électro comme de breaks hip-hop.
Premier album officiel de ce DJ-trompettiste-beatmaker, pull.in sai s’impose comme un petit chef-d’oeuvre du genre: du jazz-électro anguleux qui fuit le lounge comme la peste pour hybrider références japonisantes (“miyabara”) ou coltraniennes (“keep Luv”). C’est cool, expé, dansant, trippant et psyché à la fois. Comme si Flying Lotus avait fait un disque avec Yussef Kamaal et Christian Scott à six-heures-du-mat-je-claque-des-dents-j’ai-des-frissons.