Ce fut comme une apparition. Dès la première note de All My Relations, on a compris que ce disque allait nous accompagner longtemps. Et pas comme un chewing-gum sous une basket dans une rue mal léchée. Non plutôt comme un ami avec lequel on peut dialoguer, rêver et s’exclamer. Second album solo du saxophoniste des Dap-Kings (le groupe du label Daptone qui a porté aux sommets la regrettée Sharon Jones), All My Relations explore les racines amérindiennes de Cochemea Gastelum, un type dont le prénom signifie “ils se sont fait tuer dans leur sommeil” – on est prévenus. Disque de spiritual jazz dans le sens le plus profond du terme (“Asatoma” ressemble à une prière tandis que “All My Relations” résonne comme une cérémonie immémoriale), ce recueil de dix pièces mi-groove mi-psyché a une sacrée gueule de coup de coeur. Ça y chante, ça y explore, ça y joue du saxophone avec des effets tellement acérés qu’on dirait que c’est Jimi Hendrix qui souffle là-dedans comme un morfale revenu des enfers. Trois des choses qu’on préfère au monde ex aequo avec les chips, les télécommandes et les rimes embrassées.