Ça faisait de plus de cinq ans que ce duo n’avait plus rien sorti. Et quand on écoute Kan Ya Ma Kan, on se dit que c’est à la fois dommage et salvateur. Dommage car le disque est d’une telle beauté, d’une telle intensité, d’une telle spiritualité qu’on aurait aimé avoir plus souvent des nouvelles de Serge Teyssot-Gay & Khaled Aljaramani. Mais de l’autre côté, c’est sans doute aussi parce que leur rencontre est rare qu’elle est aussi précieuse. D’autant que toute la philosophie de ce Kan Ya Ma Kan se construit sur le minimalisme, le less is more, le sobre – ce n’est pas un hasard s’ils reprennent ici le maître du genre, Erik Satie. Dialogue de cordes entre la guitare électrique et le oud, Interzone a toujours cherché à construire un monde qui transcende les clichés et les oppositions faciles entre Orient et Occident. A tout ça, il faut ajouter le chant poignant de Khaled Aljaramani qui pourrait faire frissonner même Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan. Ou presque. Bref, un disque qui pourrait faire pleurer des pierres.