C’est le mystère qui agite les cervelles depuis plusieurs semaines. Non, non, pas Xavier Dupont de Ligonnès. Plutôt cette pochette sobre, noire et anonyme: mais qui donc se cache derrière ces allumettes? Ce qu’on sait, c’est que le groupe s’appelle Sault, qu’il vient d’Angleterre et qu’il est proche de la rappeuse Little Simz. Ce qu’on a appris en furetant sur les Internets, c’est que la tête pensante de ce projet s’appelle Dean Inflo 1st Josiah, qu’il a bossé pour Michael Kiwanuka, Max Jury ou Little Smiz (ceci explique cela) et que ce premier album est sorti en mai dernier sur le non moins mystérieux label Forever Living Originals où l’on retrouve Kid Sister et Cleo Sol qui font/sont les voix de ce disque (ceci explique cela, bis). L’autre certitude, c’est que ce 5, sorti en mai dernier en catimini sur les plateformes de streaming, commence sérieusement à faire parler de lui. A tel point qu’une sortie française en vinyle est prévue pour cette semaine. D’où sa présence dans la très recherchée rubrique du disque de la semaine du Grigri (ceci explique cela, suite et fin).
Rien de plus mérité car Sault a comme un air de famille avec Khruangbin, l’une des plus belles surprises de l’indie soul de ces dernières années: cette basse un peu crado et totalement enveloppante, ces textures au carrefour de la new wave et du punk, ces voix féminines qui peuvent se faire garage comme dancefloor… Et surtout ce sens du tube complètement addictif: quand “Why Why Why”, “Masterpiece” ou “Let It Go” ont un jour squatté ton cerveau, ils n’en repartent plus. D’ailleurs, la pochette est claire (et classe) à ce sujet: Sault balance les allumettes qui n’attendent plus que des oreilles et des pieds pour s’embraser. Dans le genre, on peut clairement parler de “coup d’essai, coup de maître”. Mais comme pour Dupont de Ligonnès (on y revient), une question brûle les lèvres: quand Sault va-t-il sortir de sa cachette pour venir (se) défendre sur scène?