Il y en a des rappeurs jazzophiles, mais celui-là pousse le bouchon encore plus loin que les autres, ce qui n’est pour nous déplaire. Déjà sur Canyonland en 2015, cet ex-saxophoniste californien avait intitulé un de ses titres « Now’s The Time » sans doute en référence au standard de Charlie Parker (dont Basquiat était fan soit dit en passant pour nous la péter). Sur ce Cool Side of The Pillow (titre génial : qu’y a-t-il de plus extatique dans la vie qu’un côté d’oreiller frais alors qu’on ne trouve pas le sommeil?), rebelote : difficile de ne pas voir dans « It Don’t Mean a Thing » un clin d’oeil au cultissime morceau de Duke Ellington. Mais tout cela ne serait qu’anecdote, littérature et branlette pour cervelle si l’album de Henry Canyons n’était pas tentant comme une sieste (avec oreiller frais) en été. Et porté par ses boucles arc-en-ciel, son sample de « Round Midnight » (le jazz, là encore, sur « To The Dreamers »), ses featurings classe A (Homeboy Sandman ou… Google) ou son flow précis et grave à la Jonwayne, Cool Side of The Pillowest clairement l’un des trésors cachés de l’année hip-hop. Le genre de disque capable de rafraîchir un oreiller même un soir de cauchemar.