Au départ, c’est juste beau. Ça donne envie de rire, s’asseoir, pleurer et danser en même temps, puis de faire des câlins aux dauphins. Et puis, après, on comprend : Okonkolo, c’est comme Bach, c’est pas juste beau, c’est aussi mystique. Pour un non-initié, c’est ardu de comprendre les divinités cubaines, les orishas, la santeria et ses subtilités, les tambours et leurs lois métriques, les dieux Chango, Oba ou Ochun. Mais quand on écoute un disque comme Cantos, on s’en fout un peu, on comprend sans comprendre : on saisit l’esprit à défaut de capturer des esprits – c’est le principe de la transe spirituelle. Et puis, derrière tout ça, il y a des histoires : un chanteur de Porto Rico qui a survécu à une fusillade grâce à la musique et à la foi (Abraham « Aby » Rodriguez), un producteur qui aime les cordes et les cuivres (Jacob Plasse, déjà aux manettes de Orquesta Akokán) et un label new-yorkais qui a du flair (Big Crown Records où l’on retrouve des habitués du Grigri comme Lee Fields ou El Michels Affair). On appelle ça une saine trinité.