On a rarement entendu des gens de Rouen se fondre aussi bien dans le (top) de la masse new-yorkaise. Car quand les Papanosh jouent avec Roy Nathanson ou Marc Ribot sur ce Home Songs, on a parfois l’impression que le saxophoniste-poète et le guitariste-activiste viennent de Seine-Maritime – ou presque – tant ce disque s’amuse à brouiller les pistes comme un prisonnier en cavale. Le meilleur exemple, c’est le génial « K’arallanta » : un traditionnel bolivien chanté en suédois (par Linda Oláh) sous un déguisement d’éthio-jazz à l’américaine. Et tout le reste est de cet acabit sans frontières : il y a du blues, il y a du Mingus et il y a de l’engagement (parler de « chez soi » dans cette époque de haute migration, ce n’est pas anodin). Et de l’engagement dans tous les sens du terme : comme des rugbymen qui se jettent dans la mêlée, tout comme des militants qui se plongent dans la manif’. Avec l’espoir langoureux de renverser les choses. Ou au moins d’avoir essayé.