Sa première mixtape en 2016 nous avait déjà fait expérimenter le concept d’addiction. Conséquence: Telefone a symboliquement été le premier album qu’on a entré dans la programmation du Grigri en juin dernier. Le retour de Noname nous fait donc doublement plaisir. D’autant que la rappeuse-poète revient pareille mais pas vraiment. Elle reste a pussy, comme elle se surnomme elle-même d’’une manière qui rappelle les personnages de Divines quand elles disent qu’elles ont du clito, mais elle n’habite plus Chicago – c’est à Los Angeles qu’elle a posé ses valises… tout en continuant de bosser avec Smino, rappeur-clé de la ville de Barack Obama. Si elle garde son flow à mi-chemin entre spoken word chanté et soul poétique, elle y ajoute une teinte de noirceur qui n’était pas dans Telefone. Niveau songwriting, pareil: on retrouve la Noname qu’on connaît sur “Window“, “Don’t Forget About“ ou “With You“, mais on découvre de nouvelles pistes plus r’n’b décalé sur “Montego Bae” ou “Ace” – sans doute l’air de Californie. On la retrouve même plus politisée que jamais sur “Blaxploitation” et “Prayer Song”, deux des sommets de ce Room 25 qui s’enrichit écoute après écoute. Bref, Noname réussit à changer tout en restant elle-même. On appelle ça grandir.